domingo, 18 de septiembre de 2022

El Mochuelo

Escolios de un ácrata civilizado 



La tierra nos enseña más sobre nosotros mismos que todos los libros. Porque ella se nos resiste. El hombre se revela y se descubre a sí mismo cuando se mide con el obstáculo. Para enfrentarlo, sin embargo, necesita una herramienta. Necesita un cepillo de carpintero o un arado. Así, el labriego va arrancando poco a poco algunos secretos a la naturaleza, extrayendo una verdad que es universal. Del mismo modo, el avión, la herramienta de las líneas aéreas, sumerge al hombre en todos los viejos problemas. Tengo siempre presentes las imágenes de mi primera noche de vuelo en Argentina, una noche sombría, en la que titilaban solas, como estrellas, las escasas luces esparcidas en la llanura. En el océano de tinieblas cada una de ellas señalaba el milagro de una conciencia. En aquel hogar se leía, se reflexionaba, se intercambiaban confidencias. En aquel otro, quizá, se intentaba sondear el espacio, alguien se esforzaba calculando sobre la nebulosa de Andrómeda. En el de más allá, se amaba. De tanto en tanto, aparecían en el campo hogueras que reclamaban su alimento. Brillaban incluso las más discretas: la del poeta, la del profesor, la del carpintero…
Pero, entre aquellas estrellas vivas, ¡cuántas ventanas cerradas, cuántas estrellas apagadas, cuántos hombres dormidos…! Tenemos que procurar unirnos. Es preciso que intentemos comunicarnos con algunas de aquellas luces que arden separadas en el campo.
Antoine De Saint Exúpery .Tierra de Hombres. 


La terre nous en apprend plus long sur nous que tous les livres. Parce qu'elle nous résiste. L'homme se découvre quand il se mesure avec l'obstacle. Mais, pour l'atteindre, il lui faut un outil. Il lui faut un rabot, ou une charrue. Le paysan, dans son labour, arrache peu à peu quelques secrets à la nature, et la vérité qu'il dégage est universelle. De même l'avion, l'outil des lignes aériennes, mêle l'homme à tous les vieux problèmes. J'ai toujours, devant les yeux, l'image de ma première nuit de vol en Argentine, une nuit sombre où scintillaient seules, comme des étoiles, les rares lumières éparses dans la plaine. Chacune signalait, dans cet océan de ténèbres, le miracle d'une conscience. Dans ce foyer, on lisait, on réfléchissait, on poursuivait des confidences. Dans cet autre, peut-être, on cherchait à sonder l'espace, on s'usait en calculs sur la nébuleuse d'Andromède. Là on aimait. De loin en loin luisaient ces feux dans la campagne qui réclamaient leur nourriture. Jusqu'aux plus discrets, celui du poète, de l'instituteur, du charpentier. Mais parmi ces étoiles vivantes, combien de fenêtres fermées, combien d'étoiles éteintes, combien d'hommes endormis... Il faut bien tenter de se rejoindre. Il faut bien essayer de communiquer avec quelques-uns de ces feux qui brûlent de loin en loin dans la campagne.
Antoine De  Saint Exúpery. Terre des Hommes. 

Tu Ne Cede Malis. 

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